Qu’en est-il de la qualité de l’eau du Lac Saint-François dans son ensemble et à proximité de l’embouchure de la rivière La Guerre? Même si la qualité de l’eau qui arrive des Grands Lacs est bonne, la plupart des activités humaines se déroulent près de la rive, là où la contribution des tributaires est importante : nos enfants s’y baignent et certains y puisent encore leur eau résidentielle. 1
De tous les tributaires de la rive sud, la rivière La Guerre est celui qui a le plus d’impact sur la qualité de l’eau près de la rive. L’effluent pompé de la rivière La Guerre affecte directement la qualité de l’eau et les riverains de trois municipalités : Saint-Anicet, Sainte-Barbe et Saint-Stanislas-de-Kostka.
Lorsqu’il a suffisamment plu, ou lors de la fonte des neiges, la station de pompage de la rivière La Guerre à Saint-Anicet s’active et rejette en rive du lac jusqu’à 9,5 m³/sec d’eau couleur café au lait.
Cette eau turbide, chargée de fines particules, de terre en suspension et de contaminants agricoles, se mérite la pire cote de qualité attribuée par le MDDELCC : des eaux de « Très mauvaise » qualité. Elles glissent lentement le long de la rive jusqu’au canal de Beauharnois en déposant une grande quantité de sédiments qui contrastent de façon marquée avec les eaux limpides provenant des Grands Lacs et des milieux humides en amont du lac.
L’eau pompée provient du bassin de la rivière La Guerre qui couvre 88 kilomètres carrés et ce presque entièrement dans la municipalité de Saint-Anicet.
Fortement agricole, le bassin La Guerre est semblable à beaucoup d’autres bassins versant au Québec. Il souffre de problèmes d’érosion des sols et de lessivage de certains nutriments.
De plus, lorsque la pluie se fait moins abondante durant les mois d’été, l’eau de la rivière stagne, ce qui favorise la concentration des polluants et l’élévation de la température de l’eau, menant à une croissance excessive des plantes aquatiques et, dans certaines circonstances, à l’éclosion d’algues bleues toxiques. Lorsqu’une forte pluie survient, les pompes démarrent et rejettent le tout en rive du lac causant des risques pour la santé des riverains qui peuvent mener, par exemple, à des interdictions de baignade.
Le long de la rive du fleuve, les courants sont plus lents et la pollution provenant de petits effluents et des systèmes septiques non conformes ou déficients s’accumule et contribue ainsi à diminuer la qualité de l’eau. Les taux de coliformes fécaux y augmentent et peuvent atteindre des niveaux potentiellement dangereux.
Dans les canaux creusés perpendiculairement à la rive, le courant est inexistant ce qui favorise la concentration de polluants, le croupissement de l’eau et l’explosion des plantes aquatiques.
À l’exception des zones situées près des rives, le Lac Saint-François contient une masse d’eau très homogène qui passe rapidement d’un bout à l’autre du lac : les eaux vertes en provenance des Grands Lacs.2
Cette eau est de bonne qualité physico-chimique et bactériologique, selon le dernier rapport sur l’état du Saint-Laurent publié en 2014. 3,4 Selon le même rapport, les indicateurs de produits chimiques et toxiques indiquent « une situation non préoccupante » (i.e. les indicateurs satisfont aux critères de qualité).
Selon le Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2014, les concentrations de métaux et de pesticides dans le Lac Saint-François ne dépassent pas les critères de qualité de l’eau pour la protection de la vie aquatique.
En ce qui concerne les métaux lourds, il faut tenir compte de sédiments contaminés datant l’époque industrielle. Sédiments accumulés qu’il ne faut pas déranger afin de ne pas les remettre en circulation. La contamination émergente de nouvelles substances (rejets anthropiques et certains plastiques, etc.) qui entrent dans l’écosystème est également à considérer et n’est pas négligeable.
Le dernier rapport de suivi de l’état du Saint-Laurent est disponible :
La qualité de l’eau de la rivière La Guerre est mesurée mensuellement par le MDDELCC depuis mars 2003. Les résultats détaillés sont disponibles sur le site du Réseau-Rivières du ministère, sous l’onglet Eau, puis Rivières et lacs.
1 L’ASLSF se soucie principalement de la rive sud, domaine d’intérêt particulier pour ses membres.
2 Synthèse des connaissances sur les aspects physiques et chimiques de l’eau et des sédiments du Lac Saint-François (1994). Environnement Canada.
3 Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2014. Plan Saint-Laurent.
4 Les données de la station du pont Larocque, dans les eaux vertes du fleuve, indiquent une « Bonne » qualité de l’eau (la meilleure cote du MDDELCC)
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